Comment tes hobbies sculptent secrètement ta performance (l'effet cross-training indirect)

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"Le changement est aussi bon que le repos" : ce dicton (anglais à l'origine) résume parfaitement ce que les neurosciences confirment aujourd'hui : réengager différentes parties de ton cerveau peut être aussi récupérateur qu'une pause complète.

Je pense que ça nous est tous arrivé de cravacher bien plus que quelqu'un d'autre, et de le voir bien mieux réussir au final alors qu'il a l'air de profiter à coté.

  • Tu passes 12 heures par jour sur ton business (persuadé que plus d'heures = plus de résultats)
  • Le second travaille 4 heures (puis consacre 2 heures à apprendre le piano et 1h de tennis)

Six mois plus tard, c'est le second qui a trouvé la solution créative qui a débloqué son projet. Pas de hasard, pas de différence de talent, mais une meilleure compréhension du design neurologique.

C'est en tout cas le paradoxe que les chercheurs observent : investir du temps dans des activités "non productives" amplifie souvent la performance dans nos domaines principaux. Plus important encore, cet effet est d'autant plus fort que l'activité est déconnectée de ton travail.

Hobbies vs tunnel de productivité

Ca arrive à tout le monde :

  • plus tu travailles sur un problème, plus tu tournes en rond
  • plus tu multiplies les heures, plus tu décorrèle ton volume horaire à ta performance ou tes résultats

Une sorte de rendement décroissant à grande échelle. Tu accumules de la fatigue cognitive, mais pas des solutions créatives.

C'est le symptôme classique en rentrant dans le tunnel de la productivité auto-centré en pensant que l'intensité compense tout. Et que diversifier ses activités, c'est par définition se disperser.

Le problème, c'est que cette approche ignore complètement comment fonctionne ton cerveau. Quand tu restes sur le même type de tâche, tu sollicites toujours les mêmes réseaux neuronaux. C'est la raison de la fatigue mentale accélérée, d'un manque de créativité, et de cette frustration de stagner malgré toujours plus d'efforts.

Une méta-analyse récente (Nye et al., 2017) a montré que les personnes qui s'engagent dans des "serious leisure activities" obtiennent des performances significativement supérieures dans leur travail. Dans cette étude, les activités "sérieuses" étant définies comme celles impliquant :

  • des objectifs
  • des aspirations
  • et une certaine forme de risque (ex : participation à des compétitions)

Trois mécanismes clés expliquent cet effet :

  1. Le transfert de compétences (compétences utilisables dans un autre contexte)
  2. Le reset biologique (réduction du stress / cortisol)
  3. Le levier créatif (développement de la pensée latérale)

Attention par contre, c'est possible qu'il y ait un certain biais de sélection : que les personnes naturellement plus créatives ou performantes aient simplement tendance à s'engager davantage dans des hobbies structurants. La corrélation n'implique pas forcément la causalité.

Il faut aussi nuancer : tous les hobbies n’ont pas la même capacité de transfert. Par exemple, les jeux vidéo peuvent développer certaines compétences (stratégie, coordination, réactivité), mais beaucoup peuvent témoigner de la frustration de ne pas pouvoir réinvestir directement et simplement ces acquis ailleurs (moi le premier).

À l’inverse, apprendre un instrument ou pratiquer un sport semble générer des bénéfices plus tangibles et exploitables dans d’autres sphères : discipline, patience, concentration, confiance. On peut aussi citer la méditation ou le yoga qui offrent des effets positifs évidents, très facilement transférables dans la gestion du stress ou de l’attention.

En clair : si ton objectif est de développer une compétence précise, mieux vaut choisir un contexte d'application où la transférabilité est claire plutôt que de compter sur un effet indirect et incertain.

La science du cross-training mental

Le concept de cross-training vient du sport : alterner différents types d'exercices pour développer des capacités complémentaires et éviter les blessures de sur-sollicitation. Ton cerveau fonctionne exactement de la même manière.

Quand tu pratiques un hobby exigeant, tu développes ce qu'on appelle des compétences transversales : ça peut être la patience, discipline, gestion de la frustration, capacité de concentration. Ces qualités se transfèrent naturellement vers tes autres domaines d'activité.

Mais il y a encore mieux : ces activités stimulent ce que Edward de Bono appelait la pensée latérale. En activant des circuits neuronaux différents, elles créent de nouvelles connexions dans ton cerveau. Cette diversité cognitive permet d'aborder des problématiques hors du champs d'étude habituel.

"On ne peut pas épuiser la créativité. Plus on l’utilise, plus on en a."
Maya Angelou

C'est pourquoi les musiciens développent souvent d'excellentes compétences analytiques, les arts martiaux une capacité de décision, ou encore les jardiniers qui développent une patience et une vision long terme.

Le mécanisme est simple : chaque loisir sérieux te force à développer le fameux "esprit du débutant" dans un nouveau domaine, ce qui renforce ta capacité globale à apprendre et à t'adapter.

Maximiser l'effet multiplicateur de performance

1. Choisir des hobbies cross-training

Tous les hobbies ne se valent pas pour amplifier ta performance. Les plus efficaces partagent trois caractéristiques :

  • ils développent activement une compétence
  • ils incluent un élément de défi (sortir de ta zone de confort)
  • ils impliquent des objectifs vers lesquels progresser

La musique, par exemple, développe la discipline, la précision, et la capacité à gérer des patterns complexes. Les arts martiaux cultivent la patience, la gestion du stress, et la prise de décision sous pression. L'escalade renforce la résolution de problèmes et la gestion du risque calculé.

À l'inverse, le caractère passif de l'activité ne va pas apporter ce type de transfert de compétences (très peu de transfert sur le fait de scroller sur Instagram, désolé).

Autrement dit, l'engagement actif est crucial (si tu veux auditer et restructurer tes loisirs, je te renvoie vers la newsletter sur la pyramide de Nash ici).

Une autre excellente façon de faire, c'est de les catégoriser :

  • un hobby créatif
  • un hobby physique
  • un hobby contemplatif
  • (un par sphère que tu veux développer)

La règle d'or : privilégier les activités qui demandent d'apprendre, de pratiquer, et de progresser. Plus ton hobby ressemble à de la pratique délibérée dans un domaine différent, plus il enrichira ta boîte à outils mentale.

2. Créer des ponts stratégiques

Une fois que t'as identifié des hobbies développant des compétences transférables, l'étape suivante consiste à créer consciemment des ponts entre tes différentes activités.

  • Si tu pratiques la méditation, observe comment cette capacité d'attention focalisée améliore ta concentration au travail
  • Si tu joues aux échecs, remarque comment ta vision stratégique influence tes décisions business
  • Si tu fais de la photographie, note comment ton œil et ta perception affine ton sens esthétique

Cette méta-cognition amplifie considérablement les transferts de compétences. Tu ne te contentes pas de développer des capacités, tu apprends à les reconnaître et à les appliquer dans d'autres contextes.

Concrètement, tu peux tenir un journal mensuel où tu identifies les compétences développées dans tes hobbies et leur application possible. Ca peut transformer tout ce que tu fais en labo personnel géant, et permet d'impacter ta performance via tests et itérations.

3. Protéger ses créneaux non-négociables

Le plus grand piège, c'est de considérer ses hobbies comme la variable d'ajustement de son planning. Dès qu'il y a urgence ou surcharge, c'est souvent ce qui saute en premier. Du coup, exactement au moment où on aurait le plus besoin de cette diversité, on l'évite.

L'approche inverse consiste à traiter tes hobbies comme des rendez-vous avec la performance. Autrement dit, un investissement direct dans tes capacités futures.

Ca implique de planifier ces créneaux comme tu planifierais une réunion importante, et de les protéger avec la même fermeté. Les bénéfices cognitifs des hobbies sont cumulatifs, et donc la régularité est cruciale. C'est cette pratique répétée qui crée de nouveaux circuits neuronaux et renforce ta flexibilité mentale.

Les 3 questions clés

Pour évaluer la qualité de tes hobbies actuels, tu peux utiliser ces trois questions simples pour t'assurer qu'ils sont des accélérateurs de performance :

  • Est-ce que je développe activement une compétence ?
  • Est-ce que ça implique un défi ou un risque ?
  • Est-ce que j'ai des objectifs vers lesquels progresser ?

Pour finir, les hobbies développent des compétences transversales, stimulent ta créativité par la pensée latérale, et renforcent ta capacité générale à apprendre et t'adapter.

Pour maximiser cet effet, tu peux :

  • choisir des activités exigeantes et différentes de ton type de travail
  • créer consciemment des ponts entre tes différentes compétences
  • protéger religieusement tes créneaux dédiés

Le vrai luxe n'est pas d'avoir plus de temps pour travailler, mais d'avoir la sagesse de diversifier intelligemment ses activités.

"Ce que nous faisons pendant nos heures de travail détermine ce que nous avons, ce que nous faisons pendant nos heures de loisir détermine ce que nous sommes."
George Eastman

Excellent week-end,

LA

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